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Ma nouvelle : Traveler's dream !

En allant récemment sur le site "Textes-à-la-pelle", dont j'avais parlé dans l'un de mes articles (Concours d'écriture à la pelle : où les trouver ? - 🏵 Lizzie’s Literary Lounge 🏵 (over-blog.com)), j'ai alors trouvé un concours de nouvelles, dont le thème était en fait une phrase à placer dans son manuscrit : "Pleine lune, le bateau se balançait sous les étoiles".

La date limite d'envoi des textes n'étant pas encore passée, je vous invite vivement à y participer, si vous êtes intéressés (Concours d'écriture en ligne, appels à texte - Librinova (concours-ecriture.com)) !

En ce qui me concerne, j'ai donc publié ma nouvelle : "Traveler's dream", disponible ci-dessous :

 

Traveler's dream

 

Pleine lune, le bateau se balançait sous les étoiles. Et alors que nous nous éloignions de la côte, un sentiment s’empara de moi. Quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant : la liberté.

 

Trois jours plus tôt

 

Je soupirais en sortant du tribunal, et me précipitais dans la rue après avoir adressé un dernier sourire à mon client. Tout en marchant rapidement en direction d’un petit café parisien, je laissais mon visage embrasser le soleil, et inspirais un grand coup. Je n’en pouvais plus de rester constamment en intérieur. Quand je ne confectionnais pas les dossiers de mes clients, j’étais au tribunal pour plaider. Et quand je ne plaidais pas, je devais me rendre à des évènements mondains.

Je grimaçais, en faisant le bilan de ma propre vie.

Petite, j’avais toujours voulu parcourir le monde. Voyager, c’était ça mon rêve.

J’adorais découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles traditions, ou de nouveaux plats. Mais j’aimais aussi apporter mon aide aux gens, et c’est la raison pour laquelle j’aspirais à exercer dans l’humanitaire.

Mais la réalité m’avait bien vite rattrapée…

J’essuyais une larme solitaire sur ma joue, en pensant à mes parents. Tous deux accordaient une grande importance aux apparences. Et c’est précisément cela qui m’avait détourné de ma voie pour devenir avocate. Quand j’étais rentrée au lycée, et que j’avais été confrontée au choix de mes spécialités, ma famille m’avait bien fait comprendre qu’il était hors de question pour une Cellman de n’être qu’une simple travailleuse humanitaire itinérante. Pour eux, l’argent passait avant tout, et même si mes convictions étaient bien différentes, qui étais-je pour remettre en question leurs choix de vie ?

Ils étaient ma famille, la seule que j’aie en dehors de mon frère Steve.

Soudain, une petite silhouette rousse attira mon attention, et je souriais en accélérant le pas.

Je me dirigeais vers la table à laquelle elle s’était installée, et m’affalais sur une chaise inoccupée en balançant mon sac à terre.

- Dure journée ? Me demanda-t-elle, en sirotant un thé.

- Si tu savais. Lui répondis-je, en grimaçant.

Connaissez-vous l’expression « les opposés s’attirent » ? Et bien nous en étions clairement une illustration vivante. Aussi brune qu’elle était rousse, cela faisait à présent 4 ans que nous étions meilleures amies. Lise était une source constante de lumière, une grande bouffée d’air frais : cheveux roux coupés au carré, yeux verts, bijoux fantaisie, vêtements colorés, et assez bronzée de peau, grâce à d’innombrables heures passées sur la plage. Avec mes longs cheveux d’un noir de jais, mes yeux bleus, ma peau translucide, et mes vêtements noirs, gris, et bleus, je m’étais toujours considérée comme fade, en comparaison.

Après avoir commandé un expresso, et échangé sur nos journées respectives, je détournais la discussion, préférant l'orienter sur un sujet plus joyeux.

Mais alors que mon corps commençait à se détendre, une notification apparut sur mon téléphone. Et lorsque je vis le nom de son expéditeur, mon sourire disparut aussitôt.

Lise, qui s'était tue en voyant mon visage déconfit, prit ma main et m'obligea à croiser son regard.

-C'est ta mère ? me demanda-t-elle doucement.

Incapable de parler, je hochais la tête, tandis qu'un sentiment de honte m'envahissait.

Chacun avait ses peurs, légitimes ou non. En ce qui me concernait, ma plus grande peur n'était pas la mort, les araignées, ou encore les profondeurs marines. Si ça n'avait été que cela... Car oui, j'étais littéralement terrifiée par mes parents.

Pas par leur personnalité en elle-même, mais par le fait de m'opposer à eux, et à leurs choix.

J'avais 22 ans, et pourtant, mon indépendance se limitait à la colocataire et amie que j'avais choisie : Lise.

Pour mes 18 ans, Natacha et Victor, mes géniteurs, m'avaient offert un appartement qui en aurait fait rêvé plus d'un, en plein cœur de Paris. Celui-ci aurait pu abriter une famille avec cinq enfants, aussi, après plusieurs mois de solitude, j'avais décidé, malgré la fureur de mes parents, d'accueillir une colocataire. Et cette décision avait probablement été la meilleure, et la seule d'ailleurs, que j'avais prise de toute ma vie.

Puis, une fois mon diplôme obtenu, l'un de leurs amis m'avait embauchée dans son cabinet d'avocats.

Mon salaire était plus que convenable, mais au fond de moi, je savais que je ne le gagnais pas grâce à mes compétences.

Les gens se fichaient bien de cela. Non, ce qui les intéressait, c'était mon nom de famille.

Les Cellman avaient toujours été l'une des familles les plus riches et respectées du pays. Mais qui dit "célébrité" dit "obligations". A 9 ans, mes parents avaient estimé que j'étais en âge de parler politique, et avaient alors commencé à m'emmener aux dîners de charité, ou à leurs fêtes privées.

Et alors que d'autres vivaient pleinement leur enfance, en allant au parc, aux anniversaires, ou en jouant aux poupées, je devais quant à moi m'accommoder de la compagnie omniprésente des adultes et apprendre à me comporter de façon respectueuse. Un sourire triste étira mon visage en pensant qu'à l'époque, ma seule amie était le professeur particulier qui venait me faire réciter mes leçons chaque après-midi.

L'appétit coupé, je repoussais le croissant entamé à ma droite, et ouvris le message.

-Que veut-elle ? me demanda Lise

-Elle tenait à me rappeler l'évènement mondain auquel je dois participer ce soir. soupirais-je.

Voilà un autre aspect de ma vie montrant ma liberté quasi inexistante.

Depuis mon enfance, mes géniteurs m'avaient emmenée à ces évènements. Au départ, leur but était de me construire une réputation, et de me m'intégrer à cette société.

Mais aujourd'hui, même s'ils ne l'admettront probablement jamais, me rendre là-bas était indispensable pour eux, afin de connaître au mieux ma vie. Car même s'ils ne venaient me rendre visite à Paris qu'une ou deux fois par an, le réseau d'amies de ma mère était très étendu, aussi ces dernières passaient la soirée à me poser des questions sur mes fréquentations, mon salaire, etc. Autrefois, ces questions indiscrètes m'agaçaient. Mais aujourd'hui, je ne ressentais plus que de l'exaspération, en pensant que ma mère n'était même pas capable de passer un coup de fil à sa fille pour prendre de ses nouvelles.

Certains pourraient voir ces intentions comme bonnes, et j'avoue y avoir pensé au début.

Mais dès l'instant où ma mère avait fait virer Thomas, mon petit-ami de l'époque, car j'avais fait l'erreur de parler de lui à ses Cerbères, toute forme de compassion que je pouvais ressentir à son égard c'était envolée.

Ma vie était constamment contrôlée et minutieusement surveillée par mes parents.

En un mot, je vivais l'enfer.

-Oh ma belle ne pleure pas ! Tu sais bien que je déteste ça.

Lise contourna la table et me prit dans ses bras, tout en passant ses mains sur mes joues.

Surprise, je levais la mienne également, et remarquais que des larmes tarissaient à présent mon visage.

Au bout de quelques minutes, mon amie finit par se détacher de moi, et regagna sa place. L'atmosphère s'était alourdie, et je m'en voulais atrocement pour cela. Lise avait probablement aussi des problèmes. Après tout, qui n'en avait pas ?

En tant qu'infirmière, son rythme de travail était éreintant, et alors qu'elle prenait enfin une pause, en espérant pouvoir profiter de cette journée ensoleillée, je la lui gâchais.

Alors que je continuais à me sermonner intérieurement, Lise sortit enfin de sa contemplation, et me posa une question qui me prit de cours.

-Es-tu heureuse Ella ?

Je pris alors quelques instants pour réfléchir à la question, mais la réponse me vint presque automatiquement.

Non, je n'était pas heureuse.

Ne souhaitant cependant pas inquiéter mon amie, je choisis mes mots avec soin, sachant pour autant que je ne parviendrai pas à la duper.

-Je ne suis pas malheureuse, Lise, on ne va pas se mentir. Des tas de gens aimeraient être à ma place, et j'ai conscience de cette chance, je te le promets ! C'est juste que... si j'avais pu choisir ma vie, alors j'aurais sûrement changé beaucoup de choses...

Elle me fixa pendant quelques instants, puis sortit en silence une carte de son sac à main. Un sourire imprimé sur les lèvres, elle me la tendit, et s'expliqua presque aussitôt.

-Un ami à moi travaille pour "Solidarités International". C'est une association à la recherche de bénévoles, mais aussi d'un logisticien humanitaire. Tu te rends compte ? C'est l'occasion de ta vie ! Tu as toutes les qualités requises, Ella ! Tu es organisée, réactive, tu sais t'adapter à toutes les situations, mais surtout, tu as un grand cœur.

-Je ne sais pas Lise, c'est compliqué. hésitais-je

-Mais qu'est ce qui est compliqué Ella ? Au contraire, tout cela est très simple ! Cette vie, c'est la tienne, pas celle de Natacha et Victor !

Après avoir glissé la carte dans la poche de mon jean, je me levais précipitamment, en lui promettant d'y réfléchir.

Assise en tailleur sur mon lit, je fixais avec intensité la carte donnée par Lise, sur laquelle cinq nombres étaient écris en gras.

Cinq petits nombres qui pourraient pourtant changer ma vie à tout instant.

Je m'allongeais sur le dos, en la balançant sur ma table de chevet, et sortais mon téléphone. Ma décision était prise.

Lise avait raison bon sang ! Je ne pouvais pas vivre une vie entière de regrets, à me demander ce qui serait arrivé si j'avais composé ces chiffres !

Alors que le téléphone vibrait dans ma main dans l'attente d'une réponse, je réfléchissais.

Comment mes parents allaient-ils réagir, en sachant que leur fille quittais son métier d'avocate pour une vie plus modeste, où ils n'auraient alors plus aucun contrôle sur elle ?

-Allô ?

Une voix grave me tira de mes pensées, et je m'empressais de répondre.

-M.Brard ? Je suis Ella Cellman, une amie de Lise. Ella m'a conseillé de vous contacter au sujet du poste de logistien humanitaire.

Après plusieurs minutes de discussion, c'est heureuse que je mettais fin à l'appel. J'était prise !

Alors qu'un avenir radieux se dessinait dans mon esprit, je pris conscience de la tache qu'il me restait à accomplir.

Car à présent que j'avais obtenu le poste de mes rêves, il fallait que j'en informe mes parents...

Je soupirais mais composais tout de même leur numéro. Je ne pouvais plus repousser l'inévitable en espérant le contourner.

Les perdre de vue ne m'atteindrait pas, je le savais bien. Ce dont j'avais peur, c'était de devoir laisser mon frère Steve seul à leurs côtés. Mais il fallait que je me fasse à l'idée : il était majeur à présent, et pourrait donc me rendre visite.

Lorsque la sonnerie cessa, ce ne fut pas la voix stridente de ma génitrice qui résonna dans la pièce, mais celle de son majordome.

-Mlle Cellman, je suis vraiment navré de vous l'annoncer, mais vos parents sont occupés pour le moment. Puis-je leur transmettre un message de votre part ?

Je levais les yeux au ciel, en me rendant compte de l'ironie de ce moment.

J'avais gâché les 22 premières années de mon existence afin d'attirer l'attention de deux personnes qui, malgré leur ADN similaire au mien, m'apparaissaient aujourd'hui comme deux parfaits inconnus. Je répondis néanmoins, d'une voix confiante qui me surprit moi-même.

-Merci pour tout ce que vous faites Hermann. Dites à vos patrons qu'à partir d'aujourd'hui, ils n'auront plus aucun contrôle sur moi. Je pars vivre à l'étranger, et reviendrai rendre visite à Steve, mais faites-leur bien comprendre que s'ils tentent de me retrouver, je ne leur adresserai pas la parole et appellerai la police pour harcèlement. J'étais avocate, et je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils connaissent ma maîtrise de la loi. A partir d'aujourd'hui, si nous venons à nous parler, ce ne sera plus qu'une discussion entre deux inconnus.

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